Archive pour la Catégorie 'Pic Pétrolier'

Fin d’après-midi au Pic Pétrolier

Le pic pétrolier c’est quoi ? Ce n’est pas la fin du pétrole, mais plutôt le début de la fin, ou la fin du début. En clair, c’est le milieu ! Oui, le milieu de la fameuse courbe de M. Hubert. Cette courbe en forme de cloche, comme une montagne que l’on grimpe jusqu’au milieu de la journée et que l’on redescend plus ou moins vite et plus ou moins bien.

L’image est intéressante. Car pour le pétrole comme pour la randonnée, la descente peut être très difficile si on a été trop ambitieux à la montée sans prévoir l’énergie nécessaire (sans jeu de mots) pour le retour. De même, la descente peut être très périlleuse si on prolonge inconsciemment la montée jusqu’en milieu d’après-midi, trop haut, trop loin. Comment alors, éviter la descente en catastrophe en fin d’après-midi.

Fin d’après-midi au pic pétrolier

Mon niveau d’expertise en pic pétrolier se termine ici, au stade de la vulgarisation et de la synthèse. Mais nombreux sont les experts qui traitent de ce sujet avec tous les arguments techniques nécessaires. Essayons donc d’organiser nos idées :

Les données théoriques :

  • Le pic pétrolier n’est pas une simple théorie. Les Américains le savent bien, ils ont franchi leur pic pétrolier national il y a 40 ans. Mais heureusement pour eux la production mondiale n’avait pas, elle, atteint son maximum, ce qui leur permit de continuer à importer du pétrole pour compenser leur déclin de production national (Article de Matthieu Auzanneau).
  • Le pic pétrolier est un phénomène normal et prévisible aussi au niveau mondial. Lorsqu’environ la moitié des réserves pétrolières est atteinte, le débit de la production diminue. C’est un peu comme une éponge dont il est plus facile d’extraite beaucoup d’eau au début du pressage et de moins en moins ensuite, malgré des efforts musculaires croissants (N’attendons pas la dernière goutte !). Nous avons consommé environ 1200 milliards de barils, soit près de la moitié des réserves. Pourquoi donc un phénomène de cloche et non pas un sursis jusqu’à un arrêt brutal au 1er janvier 2050 (Article de Benoît Thevard) ?
  • Il est difficile de faire des prédictions précises, du fait que les pays qui ont nationalisé les puits de pétrole, comme l’Arabie Saoudite et le Vénézuéla, ne sont pas tenus de rendre publiques leurs données sur les réserves. Les pays de l’OPEP, qui représente 85% des réserves mondiales, ont décidé en 1985 de mettre en place une politique de quota pour maintenir une stabilité du prix du pétrole : chaque membre de l’organisation a ainsi le droit de produire en proportion du volume « déclaré » de ses réserves. Les estimations suspectes des réserves de l’OPEP s’évaluent à 300 milliards de barils, soit 10 ans de consommation mondiale, ce qui avancerait d’autant la date du pic (Article de Benoît Thevard).
  • La possibilité que le pic soit plutôt un plateau ondulant rend plus difficile la perception de la tendance générale de déclin (Article de Benoît Thevard).
  • Tous les experts mondiaux admettent aujourd’hui que le pic pétrolier mondial est inévitable, que la question n’est plus de savoir s’il aura lieu, mais quand il aura lieu. Certains estiment que nous l’avons déjà atteint, d’autres pensent qu’il surviendra entre 2010 et 2020, rares sont ceux qui le situent après 2020 (Article de Benoît Thevard).
  • Selon l’Agence Internationnale de l’Energie, le pic de pétrole conventionnel est dépassé depuis 2006 (Article de Matthieu Auzanneau).
  • Points de vue de l’ASPO – Association d’Etude du Peak Oil (Site de l’ASPO France).
  • Même notre Premier Ministre François FILLON annonce que nous venons de passer le pic (Article de Matthieu Auzanneau).

L’environnement économique :

  • L’importance du pétrole dans le fonctionnement économique de nos sociétés industrialisées tant pour le transport, le chauffage, la pétrochimie que pour l’agriculture, est telle que la diminution des quantités de pétrole disponible va entraîner des bouleversements qu’il parait raisonnable d’anticiper… De nombreuses courbes montrent d’ailleurs que la consommation de pétrole et la croissance économique sont étroitement liées depuis des décennies, dans nos sociétés modernes (Article de Wikipédia).
  • Dès lors, quel sera le comportement des puissances économiques mondiales face à la pénurie d’or noir ? Les puissances émergentes consomment de plus en plus, le prix du brut ne peut que flamber. La Chine, l’Inde, le Brésil … en pleine explosion accepteront-ils de limiter leur nouvelle croissance.
  • Tout le monde a besoin du pétrole. Les états producteur-exportateurs, n’échappent pas à la règle. Ses derniers anticipent le mouvement de déclin de production pour assurer en premiers lieux leurs besoins nationaux, quitte à fermer les robinets de l’exportation. L’Europe, elle, importe massivement son pétrole du fait de ses minces réserves en sous-sol.
  • L’ensemble des interventions de la table ronde du 25 janvier dernier, sur le pic pétrolier à l’Assemblée nationale, aborde ces points économiques, en particulier celle de M. Bernard DURAND (Article de Benoît Thevard).

La réponse énergétique :

  • En fait, c’est tout simple : il ne peut pas y en avoir ! Aucune énergie renouvelable n’est en mesure de prendre le relais du pétrole. Imaginez que le solaire et l’éolien représentent, aujourd’hui, 0,1% de la production énergétique mondiale (Article de Benoît Thevard).
  • Tout ce qui est rare est cher. Et le pic pétrolier, c’est la fin du pétrole abondant et bon marché. L’augmentation des prix du brut va donner des possibilités d’investissements supplémentaires aux pétroliers pour aller extraire le pétrole ou d’autres combustibles là où jusqu’à présent il n’était pas rentable d’y puiser. Cela permettra d’étirer le pic pétrolier sur la longueur, du moins pour ceux qui pourront se le payer.
  • La révolution industrielle tient au fait que l’énergie qui remplace des bras et des jambes sur les chaines de production est démesurément bon marché. Mais le coût de sa fabrication pendant des millions d’années y est oublié. Si bien que seule une autre source d’énergie fossile est capable de faire aussi bien et compenser le déclin du pétrole … en attendant qu’elle aussi rencontre son propre pic « fossile » (Livre de Jean-Marc Jancovici).

L’évolution climatique : à non ça, c’est trop polémique !!!

Le plan d’action(s) :

Pour beaucoup, c’est l’innovation et la croissance verte qui vont sauver le monde. Mais il ne peut y avoir de croissance sans pétrole… on se mord la queue !

Les scénarios plus ou moins pessimistes sont finalement très similaires dans leur forme. Leurs hypothèses sont juste différentes quant à la date de chute de la production qui n’est autre que l’image de notre niveau d’anticipation. Pic ou plateau pétrolier, même combat, il faut diminuer cette dépendance au pétrole, augmenter notre résilience globale et surtout locale, car la première utilisation du pétrole est de très loin le transport.

Comme pour le randonneur, tarder à enclencher la descente énergétique, c’est accélérer vers l’impact. Mais surtout, plus on monte haut et plus la pente sera rude.